Revue 218 - Routes et chemins en pays Lyonnais
Que ce soit avec des sabots ou des baskets, monté sur un mulet, à
cheval, en charrette, en diligence, à vélo où aujourd'hui en voiture et
même à trottinette, les humains ont, de tout temps, assouvi leur besoin
et nécessité de se déplacer. Que ce soit pour l’échange de biens
matériels, pour se rendre à son lieu de travail, pour communiquer, pour
les besoins militaires ou pour retrouver sa bien-aimée, il fallait
traverser les contrées, par monts et par vaux, malgré les intempéries et
les risques de brigandage. Bien souvent, nos ancêtres paysans ne
s'éloignaient pas trop de leur village. À pied, ils parcouraient la
campagne afin de rejoindre les champs cultivés en suivant coursières et
charrolaises[1]. Puis ils tracèrent des chemins facilitant le passage de
leurs bestiaux et de leurs charrettes. Avec le temps, la technique se
déploya et les distances parcourues s’allongèrent. Les routes devinrent
nécessaires. Voies antiques ou romaines, chemins médiévaux,
routes royales, communales puis départementales, toutes ces voies de
communication suivaient ou reprenaient plus ou moins les anciens tracés.
En Pays Lyonnais, la topologie des lieux où plaines et plateaux
alternent avec les petites montagnes, il fallait s'adapter aux variétés
du terrain, jongler avec les courbes de niveaux et les obstacles
matériels tels que les ruisseaux. Mais peu à peu se mit en place tout un
réseau bien maillé muni d’axes structurants et d’embranchements
secondaires, quelquefois déplacés ou modifiés au cours du temps.
Parallèlement se développèrent des outils de repérage, la mémoire
n'étant plus suffisante avec l’augmentation des zones exploitées.
Bornes, croix de chemin, murets, panneaux directionnels et enfin
signalisation routière vinrent repérer et baliser le paysage afin de
guider le pèlerin et le routier dans ses déplacements. Les cartes
géographiques de plus en plus précises modélisèrent ces tracés sur un
support matériel en deux dimensions. Ces documents sont essentiels et
précieux pour l’historien afin de suivre chronologiquement les
évolutions des infrastructures, de repérer les passages de gués, les
ponts, les hameaux, villages et lieux-dits. De plus, ils nous éclairent
sur la microtoponymie locale. Des parchemins aux sites internet tels que
Géoportail, ces supports ont été essentiels pour illustrer nos travaux
de rédaction des articles variés contenus dans ce numéro spécial
concernant l'histoire et la géographie des routes et chemins, de
l'Antiquité à nos jours.
Le territoire concerné ici est situé à l'ouest de la métropole
lyonnaise. Le lecteur découvrira un vaste panorama centré sur ce secteur
du département du Rhône. Non seulement il se plongera dans le passé lui
permettant de mieux comprendre la configuration de nos voies actuelles,
mais aussi il découvrira de nombreuses anecdotes illustrant la richesse
de ce sujet.
Aujourd'hui, tout semble si simple avec son GPS à la main ou équipant
son véhicule. Nous espérons néanmoins qu’après la lecture de ce numéro
spécial, le lecteur randonneur ou conducteur parcourra nos monts et
vallées avec un autre œil, tout en restant bien sûr très vigilant sur
son volant.
Néanmoins, ce numéro n’est ni un guide Michelin ni celui du Routard, il
est structuré en deux parties. Tout d’abord, quelques textes généraux
nous permettront de préciser le vocabulaire et fourniront quelques clés
avant d’aborder une seconde partie plus descriptive. Elle nous livrera
la description dans l’espace et dans l’histoire de plusieurs grands axes
de communication structurant le Pays Lyonnais, ainsi que la
focalisation sur certains secteurs remarquables.
Bonne route !
[1] Chemins de desserte agricole.