Berliet-Renault VI à Lyon
Description
L’usine poursuit la même activité depuis sa construction il y a 100 ans. Construite pour accroitre la production destinée à l’Armée pendant la première guerre mondiale, elle a été pensée dès l’origine dans son ensemble. C’est un site industriel complètement intégré, sur le modèle des usines américaines de fabrication de véhicules en série : construction rationnelle incluant la préservation de la nature (plantation d’arbres, ferme). Il a continué à évoluer et à s’agrandir tout au long du siècle sur les terrains que Marius Berliet avait eu la sagesse d’acquérir pour l’évolution de son usine. Marius Berliet a su s’inspirer de ce qui se faisait de mieux à l’époque dans la construction des bâtiments industriels, ainsi la circulation souterraine de l’usine Rochet-Schneider par Louis Payet en 1900.
Avec les bénéfices des marchés d’obus et de camions pour l’Armée Française exécutés dans l’usine de Lyon-Monplaisir, Marius Berliet va anticiper les besoins de la Défense Nationale dans l’effort de guerre en augmentant considérablement ses moyens de production. Par le biais des sociétés Trible créée le 18 novembre 1915 puis la SIRI (Sté Immobilière du Rhône et de l’Isère), il acquiert à partir de 1916 près de 400 ha, soit 732 parcelles de terrains agricoles pauvres des communes de Vénissieux et Saint Priest, regroupées au moyen de 340 actes notariés. Il construit à partir de la même année les premiers bâtiments d’une usine complètement intégrée. La construction des ateliers se fera sur plusieurs tranches en même temps que sont creusés les égouts et les canalisations pour l’alimentation en énergie et fluides, et qu’un château d’eau de 200 mètres cubes d’eau est érigé. Fonderie d’acier, de fonte, d’aluminium, forge avec sa centrale vapeur, atelier d’emboutissage, laboratoires de contrôle, bureaux administratifs, atelier d’usinage et de montage sont construits dans des proportions gigantesques pour l’époque et selon une organisation méthodique. L’application des méthodes de Taylor permettra d’assurer le montage quotidien des 40 CBA à partir de 1917 et des 15 chars en 1918, qui assureront la victoire. Pour accroître la production, Marius Berliet achète une aciérie ultramoderne à Pittsburgh aux Etats-Unis.
Les bâtiments sont dès l’origine séparés les uns des autres par des avenues de 30 mètres de large se coupant à angle droit. Ils sont sillonnés par 18 km de voies ferrées à écartement normal et des voies de 0,60 m pour les locotracteurs. Cette nouvelle usine sera reliée directement à celle de Monplaisir par le nouveau boulevard des Etats-Unis percé en 1919.
C’est après la guerre, en 1919, que débute la construction des logements. Le premier bâtiment est un immeuble de plusieurs étages, dit « Grande Maison ». Ses appartements sont plus particulièrement réservés aux célibataires et aux jeunes ménages. Des commerces occupent le rez-de-chaussée.
Le principe de construction principal des maisons qui suivent est dit du carré de Mulhouse (né en 1853). Chaque villa regroupe quatre logements répartis sur chaque angle. Elle est implantée au milieu d’une parcelle elle-même divisée en quatre lots où chaque locataire pourra cultiver son jardin.
Une école est construite en même temps que la cité.
En 1925, la Cité rassemble 250 familles, principalement des personnels d’astreinte de l’entreprise. Les voies se coupent à angle droit et sont indiquées par des lettres et des chiffres.
Les bâtiments d’habitation de la Cité Berliet étaient dessinés par le Bureau d’Etudes de l’entreprise sous la direction de Marius Berliet.
La cité est bombardée par les avions américains dans la nuit du 2 mai 1944. Fort heureusement, elle avait été évacuée auparavant.
Elle sera reconstruite et étendue à partir des années 50, soit 356 logements.
Aujourd’hui, vendue par Renault Trucks, elle fait partie d’une nouvelle Zone d’Aménagement concerté (ZAC) créée en 2007.