Moulinages de la soie de Pont-d’Aubenas et Pont d’Ucel
Description
Première « fabrique » de soie, la manufacture royale de Pont d’Ucel, rive gauche de l’Ardèche, voulue par le célèbre mécanicien Jacques Vaucanson et par Henri Deydier, son directeur, en 1752, a servi de modèle aux moulinages ardéchois et au-delà en France et jusqu’en Espagne.
Histoire du site
Jacques Vaucanson et Henri Deydier ont en particulier inspiré les quelques quinze moulinages installés rive droite à Pont-d’Aubenas, quartier Tartary, au cours du XIXe siècle, par les descendants et alliés des familles Goudard, Ruelle et Verny, au XVIIIe siècle directeurs des manufactures royales de laine et de coton. Lieu d’innovations, d’expérimentations et de formation, mais également centre de production, la manufacture royale de soie créée au XVIIIe siècle a permis à Jacques Vaucanson de développer ses inventions, tour à filer et moulin à organsiner notamment, plus encore sans doute d’introduire une architecture intégrée des bâtiments de la filature et du moulinage et de gérer la filière soie. La manufacture royale a en effet été construite selon les plans originaux de Jacques Vaucanson de même que les machines utilisées (notamment le « moulin quarré » qui a remplacé le « moulin à la bolognaise »). On note également le souci de Vaucanson de donner à chaque poste de travail et à l’architecture intérieure des bâtiments toutes les caractéristiques pour un travail plus aisé et donc plus efficace.
Les moulinages du XIXe et du XXe siècle qui ont succédé à la manufacture royale ont amené dans le bassin albenassien le développement d’une économie considérable entraînant une organisation urbaine nouvelle du village de Pont-d’Aubenas quartier Tartary autour du canal de Baza, une installation hydraulique aux multiples éléments qui existait depuis une époque inconnue, utilisée pour les moulins à farine, à foulon par les manufactures du XVIIIe et pour l’irrigation. Industrie principale des XIXe et XXe siècles, les moulinages ont employé une très nombreuse main-d'œuvre féminine locale mais également, autour des années 1900-1930, issue de l’immigration : Italiens, Arméniens. Le paternalisme est alors de règle, les jeunes filles sont « confiées » par leurs parents au directeur du moulinage qui organise leur vie dès lors qu’elles sont éloignées de leur famille.
Et aujourd’hui ?
Les moulinages de Tartary ont cessé un à un leur activité au cours du XXe siècle, les derniers dans les années 1980 alors qu’ils travaillaient les fils artificiels et synthétiques. Les bâtiments, conservés, sont transformés en logements ou abritent des activités commerciales. Les canaux rive gauche et rive droite (dit de Baza) sont toujours en activité et sont utilisés dans l’irrigation de nombreux jardins.